Numéro |
psychologie clinique
Numéro 51, 2021
Entre croyance et conviction, l’incroyance
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Page(s) | 211 - 212 | |
Section | Hommages | |
DOI | https://doi.org/10.1051/psyc/202151211 | |
Publié en ligne | 9 juillet 2021 |
Eva Brabant-Géro (1935-2021)
Eva Brabant-Géró est décédée récemment à l’âge de 86 ans des complications d’une tumeur maligne. Elle a assuré sa vie durant la traduction et l’édition en français de la Correspondance entre Sigmund Freud et Sándor Ferenczi en collaboration avec Ernst Falzeder. Elle a aussi supervisé la traduction et l’édition de ces correspondances en anglais. Elle a été la directrice de rédaction du Coq-Héron de 2002 jusqu’à la fin.
Je l’ai connu quand nous étions jeunes analystes en formation à l’Association psychanalytique de France. Eva essayait de faire comprendre à la direction de cette Association l’importance de son travail de traduction et édition de la correspondance de Freud et Ferenczi comme une contribution qui justifierait la gratuité de sa participation aux activités de l’APF. Cela me faisait rire, cette étourderie. J’essayais de lui expliquer que c’était peine perdue, que jamais son travail ne serait reconnu. Mais elle insistait. Récemment une amie commune m’a expliqué qu’il s’agissait du « sans gêne hongrois ».
J’ai appris par des relations que nous avions en commun qu’Eva m’en voulait du fait que je ne mentionnais pas son nom dans mes publications sur Ferenczi. Dernièrement, à travers une étudiante qui me demande conseil, j’essayais de renouer contact avec elle pour lui expliquer les différences entre l’indexation bibliographique en anglais et en français. Je pensais proposer à elle et à Judith Dupont, en leur hommage pour le travail qu’elles ont accompli pour la diffusion de la pensée de Ferenczi une soirée zoom comme cela se fait actuellement dans des groupes analytiques auxquels je participe. Le destin a voulu autrement.
Née en 1935, Eva Brabant-Géró a soutenu sa thèse en psychologie clinique en 1985 au sujet de l’Histoire du mouvement psychanalytique hongrois. Sa thèse a été assez innovatrice, dévoilant à ses collègues français un monde qu’ils ne connaissaient pas. Sa première partie est aujourd’hui bien connue et traitait de Ferenczi. Ensuite elle étudiait les parcours de quelques psychanalystes hongrois qui restent toujours peu connus des français, comme Jozsef Brenner (1887-1919), psychiatre et écrivain, István Hollós (1872-1957), Attila Jozsef (1905-1937), poète et psychanalyste.
En 1991, elle intégra l’École de hautes études en sciences sociales, à travers le Centre de recherches historiques (CHR-UMR-19). Et en 1993, elle publia sa thèse à L’Harmattan, dans la collection « Psychanalyse et Civilisation » dirigée par Jean Nadal sous le titre Ferenczi et l’école hongroise de psychanalyse. La collection de Nadal est réputée pour publier des auteurs « difficiles » et, à l’époque, la psychanalyse hongroise était un domaine encore considéré « difficile ».
En 2001, j’ai proposé au comité de rédaction du Coq-Héron l’abandon de leur ancienne formule et le passage à leur formule actuelle. J’ai pris contact avec Marie-Françoise Dubois-Sacrispeyre et j’amenaLe Coq-Héron à Érès. Avec Liliane Gestermann, nous avons défini la couverture du Coq-Héron telle qu elle apparaît aujourd’hui. Ensuite, Eva Brabant-Géro prit la relève et devint la directrice de la rédaction du Coq-Héron auprès de cette maison d’édition qui fit et fait tellement pour la diffusion de la psychanalyse en France. Parallèlement elle assura une activité de traduction du hongrois en français soutenue, en collaboration avec Emmanuel Danjoy : Silence noir (1988), En se comblant mutuellement de bonheur (1996), Le jardin du mage (2006). Elle assura la direction d’un grand nombre de numéros du Coq-Héron avec Judith Dupont, Emmanuel Danjoy, Eva Landa, Elena Adam, Pierre Sabourin. Récemment encore, le 6 février dernier, avec Judith Dupont, elle participa à l’émission « Toute une vie » consacrée à Ferenczi à France Culture. La scène psychanalytique française perd avec elle une créatrice importante, une femme chaleureuse, enthousiaste, qui a souffert de ne pas avoir jouit en France du prestige dont elle jouissait dans ses éditions en langue anglaise. Les nouvelles générations de psychanalystes sauront faire fructifier ce qu’Eva a semé en participant à la diffusion de l’œuvre de Ferenczi.
© Association Psychologie Clinique 2021
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