Numéro |
psychologie clinique
Numéro 38, 2014
Nouveaux terrains, nouvelles pratiques (II) Perspectives internationales
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Page(s) | 102 - 113 | |
DOI | https://doi.org/10.1051/psyc/201438102 | |
Publié en ligne | 19 mars 2015 |
La clinique du bourdonnement de J.M.G. Itard et sa généalogie contemporaine
“Itard’s theory of tinnitus and its contemporary genealogy”
Psychologue clinicien, Docteur en psychologie. Membre associé de
la composante CRPC-CAPS EA-4050, Université de Poitiers, Département de Psychologie,
UFR Sciences humaines et Arts, Université de Poitiers, 3 rue Théodore Lefebvre (Bâtiment A4),
86000
Poitiers,
France
nicolas.dauman@gmail.com
Célèbre pour son mémoire consacré à « l’enfant sauvage » de l’Aveyron, Itard fut également le fondateur de l’oto-rhino-laryngologie moderne. La publication en 1821 de son Traité des maladies de l’oreille et de l’audition marque un tournant dans l’histoire de la pathologie auditive, par la valeur propre qu’il accorde à l’expérience subjective de l’audition et la parole du sujet souffrant de surdité. La première théorie du « bourdonnement » est exemplaire de cette approche clinique, que l’audiologie a perpétué avec la notion d’acouphènes. Examinant l’héritage contemporain de cette ouverture à la subjectivité du patient souffrant de ces bruits d’oreille, nous mettons en regard les énoncés des neurosciences et ceux que formulaient Itard deux siècles auparavant. Cette étude des discours scientifiques met en évidence une structure commune de définition du symptôme, qui relève de la situation d’interlocution entre patient et clinicien. Les explorations techniques du XXe siècle furent sans incidence sur ce problème. Nous étudions ensuite l’artifice de langage que constitue la désignation de l’acouphène comme « perception de son(s) », en tant que réification de l’expérience vécue. Une ouverture sur l’héritage humaniste d’Itard est proposée en conclusion, dans la perspective nouvelle que pourrait ouvrir la psychanalyse dans ce domaine.
Abstract
Known in the history of medicine as the therapist of the “wild child” found in the Aveyron, Jean Marc Gaspard Itard was also the father of modern oto-rhino-laryngology. Published in 1821, his Traité des maladies de l’oreille et de l’audition [Treatise of the diseases of the ear and the hearing] was a turning point in the field of audiology, by the value it acknowledged to the subjective experience of hearing described by the patient. The first theory of tinnitus is illustrative of this medical approach to auditive suffering, that has been carry on by modern audiology. In this article, we study the contemporary legacy of this interest for the subjectivity of tinnitus patients, by comparing statements on tinnitus from modern neurosciences to those that Itard wrote two centuries ago. The analysis leads to a common structure in the definition of tinnitus, that reflects a discursive setting between the patient and the clinician. Modern investigations of tinnitus (e.g. loudness balance or brain imaging) had no influence on its definition since Itard (1812). We eventually discuss the view of tinnitus as a “perception of sound(s)” and Itard’s legacy from the new perspective that is opened by psychoanalysis.
Mots clés : Acouphène / clinique / discours scientifiques / perception auditive / psychanalyse
Key words: Auditive perception / clinical approach / psychoanalysi / scientific discourses / tinnitus
© Association Psychologie Clinique 2015
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