Numéro |
psychologie clinique
Numéro 46, 2018
Débilités ?
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Page(s) | 138 - 144 | |
Section | Varia | |
DOI | https://doi.org/10.1051/psyc/201846138 | |
Publié en ligne | 17 avril 2019 |
À propos de la folie et de l’amour dans Crime et Châtiment de Dostoïevski
On crime and madness and love in Crime and Punishment of Dostoyevski
Professeure de Psychologie Clinique et de Psychopathologie, Service de Psychologie Clinique et Différentielle, Centre de Recherche en Psychologie Clinique, Psychopathologie et Psychosomatique. Université Libre de Bruxelles (ULB), CP122 50, Avenue Franklin Roosevelt B-1050 Bruxelles, Belgique
Crime et Châtiment raconte l’histoire de Raskolnikov à l’été 1865 à Petersbourg, qui assassine une vieille usurière et sa sœur. Dès avant son geste Raskolnikov se met au travail quant aux questions de la culpabilité, du châtiment et de la rédemption. Le texte présente la folie humaine selon deux modalités, la névrose et la psychose, chacune avec ses deux temporalités, c’est-à-dire un premier moment de conscience d’une séparation d’avec la réalité, et un second moment de séparation effective. Raskolnikov se trouve du côté de la psychose, sur un continuel point de basculement entre les deux temps et les folies de Catherina Ivanovna et, peut-être, d’Arcady Svidrigaïlov, se trouvent du côté de la névrose, avec seul Arcady qui ne bascule pas. La seconde idée est celle de l’enjeu du crime : peut-on se trouver parmi ses frères humains de cet amour inconditionnel qui serait capable d’aimer le criminel le plus abject ? Le paradoxe est que Raskolnikov, qui ne peut supporter la transgression au point de délirer une race pure, met au défi ce monde à aimer le coupable du crime le plus vil. Nous terminerons en proposant que l’amour ne puisse être qu’inconditionnel, même s’il ne peut être illimité.
Abstract
Punishment tells the story of Raskolnikov, who assassinates an old usurer and her sister in the summer of 1865 in Petersburg. Even before his act, Raskolnikov starts questioning his guilt, his punishment and his redemption. The text presents human madness along two different modes, neurosis and psychosis, each articulated in two times, a first moment of awareness of a separation from reality, and a second moment of effective separation. Raskolnikov is on the side of psychosis, on a continual tipping point between these two times while the madness of Catherina Ivanovna and, perhaps, of Arcady Svidrigailov, is on the side of neurosis, with only Arcady not tipping over into anosognosia. The second idea is what’s at stake in this crime: can we find among our human brothers that kind of unconditional love that would be capable of loving even the most abject criminal? The paradox is that Raskolnikov, who cannot tolerate transgression to the point of raving about a pure race, challenges this world to love the vilest criminal. We shall end by proposing that love can only be unconditional, even if it cannot be unlimited.
Mots clés : Amour / diagnostic / Dostoïevski / névrose / psychose
Key words: Diagnosis / Dostoyevsky / love / neurosis / psychosis
© Association Psychologie Clinique 2018
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