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Numéro
psychologie clinique
Numéro 56, 2023
Cliniciens aujourd’hui : perspectives internationales
Page(s) 5 - 6
DOI https://doi.org/10.1051/psyc/202356005
Publié en ligne 20 décembre 2023

Grâce à ses correspondants internationaux, la revue reçoit de nombreux articles provenant de pays européens et extra-européens. Cette moisson permet d’aborder plusieurs types de pratiques qui diffèrent selon les contextes sociaux et culturels et se rejoignent selon les situations politiques.

Ce numéro fait part à des essais théoriques qui relisent les thèses de Freud sur le malaise dans la culture (Luiz Paulo Leitâo Martins, Valentin Kalinov) à des témoignages cliniques et à des observations de terrain relevant de l’anthropologie clinique interrogeant alors, entre autres données, les logiques subjectives mobilisées par les rituels thérapeutiques dits « traditionnels » tels qu’ils se profilent en leurs aspects contemporaines (Hakima Lebbar).

Loin de se limiter à une présentation exotique des données et des démarches cet ensemble met au clair jour les dimensions actuelles de l’impact des formes de l’Etat sur les mentalités, que ce soit en Iran (Ali Hadavand) ou en Tunisie (Nédra Ben Smaïl). Une clinique possible des effets de la catastrophe, jamais réduite à sa supposée « naturalité », sur les collectifs peut se lire que ce soit autour des désespoirs liés au séisme qui touche autant l’habitat matériel que l’habitat psychique (Jalil Bennani) ou autour d’un examen implacable des logiques de la ségrégation dans les temps du Covid fait par une anthropologue (Julie Lavialle-Prélois).

Enfin ce sont bien les nouveaux aspects de la migration qui sont exposés, soit autour de la thématique du retour (Laura Zini, David Giannica, Aurélie Maurin Souvi), soit autour des conséquences désastreuses et meurtrières du tracé arbitraire des frontières post coloniales (situation de Mayotte) soit autour de la question des héritages culturels contrariés (Franeilla Yonie, Céline Masson, Anna Cognet-Kaye). Le clinicien se trouvant en de tels cas dans la position de celui qui objecte, par les dispositifs de parole qu’il invente et met en place, à l’amnésie touchant les morts disparus sans sépulture (Patricia Janody). On voit alors la clinique du sujet, parce qu’elle refuse la violence du désir et de l’effacement, rejoindre les priorités d’une anthropologie fondamentale soucieuse de la fondation de la personne dans son rapport à l’ancestralité. En ce sens la figure de l’adolescent, en tant qu’héritier, traducteur, confronté aux dispositifs de passage est un motif heureusement inévitable, exposé avec soin par deux de nos collègues brésiliennes Raquel Marinho et Andréa M. C. Guerra.

En cela la diversité des terrains et des pratiques que la lecture de ces aperçus internationaux donne à saisir est tout sauf un inventaire éparpillé. Une clinique de la dignité subjective et du refus du meurtre de la parole réunit l’ensemble de ces témoignages, de ces engagements et de ces réflexions théorico-cliniques. Chacune de ces contributions interroge la façon dont la politique et les avatars de l’Etat moderne informent les subjectivités et provoquent les décentrements des univers publics et privés.


© Association Psychologie Clinique 2023

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