Redevenir un homme, ne plus être une femme. Figures de l’État et normes sexuelles de travail (Chine, Algérie)

^[1] Chercheurs à l’IRD

Résumé

Cet article interroge d’un point de vue anthropologique les représentations de la dualité sexuelle dans deux situations très contrastées : l’Algérie et la Chine. Les auteurs montrent que les rapports sociaux de sexe, enchassés de façon drastique dans les champs de travail, ne peuvent être saisis, dans leur objectivité comme dans leurs modes de subjectivation en dehors de l’État, comme producteur de lois mais aussi comme figure imaginaire centrale. La confrontation se développe autour de groupes sociaux situés eux-mêmes à des paliers différents de l’échelle hiérarchique : des femmes chinoises hautement éduquées, des hommes algériens travailleurs du bâtiment. Ce choix inattendu s’explique par la cristallisation des logiques sociales que mettent en scènes les acteurs et les actrices : frustrations et humiliations se répondent en écho à des processus de domination enchevêtrés laissant voire échecs et schizes, béances et dérélictions des sujets face aux ordres sociaux.

Abstract

This article wonders from an anthropological point of view about the representations of the sexual duality in two very contrasted situations : Algeria and China ; the authors show that the social relationships of sex, set in a drastic way in working fields, cannot be seized, in their objectivity as in their modes of subjectivation outside of the State, as producer of laws but also as central imaginary figure. The confrontation develops around social groups of different hierarchical status : highly educated Chinese women, hard-working Algerian men. This unexpected choice is understandable by the crystallization of the social logics which stage the actors and the actresses : frustrations and humiliations answer in echo in processes of domination leaving failures and derelictions of the subjects in front of social orders.