Numéro |
psychologie clinique
Numéro 59, 2025
L’interprétation des psychoses : lieux, cures et pratiques avec les psychoses
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Page(s) | 227 - 228 | |
Section | Hommages | |
DOI | https://doi.org/10.1051/psyc/202559227 | |
Publié en ligne | 20 juin 2025 |
Hommage à Colette Duflot (1930-2024), une des premières psychologues cliniciennes
Professeur de psychologie clinique honoraire, psychologue honoraire
« Le psychologue clinicien (…) est avant tout un acteur de terrain qui doit agir et s’engager, et posséder les outils conceptuels, théoriques et pratiques nécessaires. »
Colette Duflot
Née en 1930 à Adge (Hérault), Colette Duflot était une psychologue clinicienne chevronnée au parcours exemplaire : experte judiciaire, docteur de 3e cycle1, chargée de cours à l’université, écrivain, mais aussi défenseuse de la profession, très tôt (1952) syndiquée au Syndicat national des psychologues praticiens diplômés (SNPPD), ancêtre du Syndicat National des Psychologues (SNP) actuel. Elle a vécu et participé de l’intérieur à la naissance et la promotion d’une nouvelle profession, celle de psychologue, et d’un nouveau métier, celui de psychologue clinicien.
À la fin des années 40, elle s’oriente d’abord vers la philosophie, et dans le cadre de sa Licence, en 1949, passe le Certificat de psychologie générale à l’université de Bordeaux. Puis elle suit les enseignements de la toute nouvelle Licence de psychologie mise en place en 1947 par Daniel Lagache. Jean Stoetzel, psychosociologue, fut l’un de ses enseignants qui la fortement impressionnée. Ce dernier avait fréquenté les anthropologues américains, tels Margaret Mead, Ralph Linton, Abram Kardiner et a pu transmettre à ses étudiants les aspects culturels des comportements. C’est également lui qui incita la jeune Colette et ses condisciples à se mettre en contact avec la psychiatrie. Le choc fut rude en découvrant l’univers de l’asile de Château-Picon, futur hôpital Charles-Perrens. C’était trois ans avant la découverte des premiers neuroleptiques…
Au début des années 50, Colette Duflot entama une formation d’éducatrice à Montpellier organisée par le professeur Robert Lafon. De nombreux stages dans des consultations d’hygiène mentale ou des classes de perfectionnement l’ont mise en contact avec des conseillers de psychologie dont le rôle principal était de faire de la séméiologie à l’aide de tests. Son diplôme d’éducatrice de jeunes enfants obtenu, elle a été « poussée » par certains de ses formateurs à devenir elle-même conseiller de psychologie, elle dont on disait qu’elle savait si bien écouter les enfants. Ce nouveau métier, elle l’apprit dans des stages auprès de quelques psychologues qui exerçaient déjà à Montpellier, puis termina son parcours universitaire, de retour à Bordeaux, en fréquentant le service de psychiatrie du professeur Delmas-Marsalet où exerçait une psychotechnicienne. C’est là qu’elle fut initiée à la pratique du Rorschach, pratique facilitée par l’arrivée du Largactil auprès des patients délirants.
Son premier poste de psychotechnicienne – quelques vacations – fut dans la Nièvre, puis en Mayenne en 1961. Elle a ainsi connu la nouvelle psychiatrie, celle modelée par la chimie, en plus de la chirurgie (lobotomie), mais bientôt transformée par la psychothérapie institutionnelle et les psychothérapies individuelles, de groupe ou médiatisées. Dans ce nouvel univers de la folie, les « psychotechniciennes » (essentiellement des femmes) se sont lentement transformées en « psychologues », au gré des circulaires et décrets puis enfin loi (1985). C’est au CHS de Mayenne, dans l’élan de l’open-door voulu par le docteur Gaston Fellion (1924-1989), que Colette a le plus vécu cette transformation, bien aidée par le personnel infirmier auquel elle disait devoir beaucoup. Les marionnettes en feront partie, comme médiation originale dans l’abord de la psychose et comme catalyseur de dynamique de groupe. Le choix d’utiliser la marionnette comme médiation thérapeutique avec des patients adultes fut influencé par l’expérience de l’équipe de l’Institut Marcel Rivière – La Verrière (78322 Le Mesnil Saint Denis) relatée dans l’ouvrage de F. Bedos, S. Moinard, L. Plaire et J. Garrabé, Marionnettes et marottes. Méthode d’ergothérapie projective de groupe, Paris, ESF, 1974. Ce choix s’inscrivait également dans tout ce courant des psychothérapies médiatisées des sujets psychotiques initié par Serge Leclaire, Gisela Pankow, Françoise Dolto, Donald Woods Winnicott. Colette Duflot y ajoutait les apports, pour elle fondamentaux, des Lefort, Robert et Rosine. Elle mena un travail de supervision auprès de Rosine Lefort.
Elle raconte tout ce périple dans un ouvrage passionnant, Le psychologue clinicien. L’invention d’une profession, Paris, Economica/Anthropos, 2008, 225 p. Auquel on peut ajouter : Le psychologue expert en justice, Paris P.U.F., 1994 ; Des marionnettes pour le dire. Entre jeu et thérapie, Marseille, Hommes et perspectives, 1994. ; Les expertises psychologiques, procédures et méthodes, Paris, Dunod, 1999.
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