Maternités en exil : vers des nouveaux dispositifs pour tenir une écoute psychanalytique

Psychologues cliniciennes, Unité de psychopathologie périnatale, maternité Hôpital Delafontaine (Saint-Denis, 93)

Résumé

À l’Unité de psychopathologie Périnatale, située au sein de la Maternité de l’hôpital Delafontaine à Saint Denis, nous accueillons de nombreuses femmes enceintes marquées par un parcours de vie douloureux, fait d’exil, de traumatisme, de précarité, d’isolement… Des femmes qui ont dû quitter leur famille, parfois laisser leurs enfants, leur patrie, leur culture, du jour au lendemain, dans une forme d’urgence sans s’apercevoir du basculement psychique dont elles font parfois l’objet dans l’après coup.

Confrontés à ces effets du réel des traumatismes, de l’urgence des besoins primaires face à une précarité extrême de ces femmes, quel travail pluridisciplinaire mettre en place pour accompagner les réalités psycho-sociales de ces femmes ? Comment maintenir une écoute neutre ? Comment créer et accorder une place à ce bébé en devenir quand le psychisme de la mère est surchargé par les problématiques sociales ?

Nous partons de l’idée que la mise en mots du récit et le travail d’écoute ouvre une possibilité à ces femmes de se repositionner en tant que sujet de leur histoire. Cette offre d’écoute permettrait ainsi de reconstruire une narrativité autour de ces vécus.

Au travers d’un cas et des vignettes cliniques, nous déploierons nos réflexions sur ces problématiques et l’impact qu’elles ont eu sur nos modalités d’accompagnement envers ces familles en souffrance.

Abstract

Many patients at the perinatal psychopathology unit of Delafontaine maternity clinic, in Saint-Denis, are pregnant women with a background of suffering, exile, trauma, precariousness and isolation. They had to leave their families, sometimes even their children, their country, their culture; some of them had to leave overnight, under emergency circumstances that prevent them from grasping the sheer psychological upheaval that they may face afterwards.

Given the aftereffects of such tangible traumas and the urgency to respond to their basic needs, in situations often characterized by dire poverty, what type of multidisciplinary work can we undertake to give adequate support to women in such psycho-social condition ? How can we remain neutral as listeners ? How can we create enough space for the unborn baby when their mother’s psyche is under excessive pressure because of social/economic problems ?

As a starting point, we assume that listening to their story and writing it down offers these future mothers with an opportunity to reposition themselves as the subject of their own history. Listening to them recounting their experiences allows for reshaping the narration of their own life.

Using one case study and several clinical vignettes, we will try to reflect on these different problems and the repercussions they had on the way we support these families in pain.